lundi 3 mai 2010

Le 1er mai à l'allemande

En Allemagne, le 1er mai est spécial. Depuis des décennies, on ne se contente pas de simples manifestations pour marquer le jour de la Fête du Travail.
Chez nous, on met - au sens propre du terme - le feu !

Mais, au fait, d'où vient ce férié ? – Contexte historique

Traversons l'océan atlantique. Allons à Chicago, voyageons dans le temps...
En 1886, afin d'obtenir des conditions de travail améliorées et la journée de huit heures, les travailleurs américains vont dans la rue et appellent à la grève générale.
Celle-ci ne se déroule évidemment pas sans incidents et la police doit intervenir pour éviter un débordement. On nomme cet incident la « Haymarket affair ».

L’année suivante, le rassemblement international des partis de la gauche à Paris – l’« Internationale ouvrière » - déclare le 1er mai « Jour de la lutte ouvrière ».

A partir de l’année 1890, le 1er mai est mondialement « célébré » avec des grèves et manifestations.

Et en Allemagne…

L’Assemblée nationale de la République de Weimar déclare le 1er mai 1919 jour férié en Allemagne.
Des manifestations sont rapidement interdites à Berlin et en Prusse car leur objectif principal est la dénonciation de la NSDAP et d’Adolf Hitler.
En 1929, la KPD (le parti communiste de l’Allemagne) ignore cette interdiction et appelle néanmoins à des manifestations.
La situation « chaude » suscitée se calme seulement après trois jours, à la suite d’interventions musclées de la police.

Après la fin de la 2ème guerre mondiale, les alliés confirment le 1er mai comme jour férié officiel en Allemagne et légalisent de nouveau des manifestations.

Les revendications officielles : Lutte contre le chômage et maintien des acquis sociaux.

Depuis, les Fêtes de rue, organisées annuellement par les « autonomes » de l’extrême gauche et les socialistes, se déroulent toujours dans un calme relatif – certes, il y a des débordements, mais ils sont sous contrôle.

Le 1er mai 1987

Depuis 1983, l’extrême gauche mène une campagne de boycott contre le recensement de la population (« VoBo »), qu’elle considère contraire à la loi fondamentale.
En réaction à ce boycott, la police force l’accès au bureau du mouvement et le perquisitionne. Et tout cela le 1er mai 1987…

Bien évidemment, les « autonomes » ne se laissent pas faire…
Ils joignent les Fêtes de rue du quartier berlinois Kreuzberg jusque alors paisible, et commencent à les déranger.
La police intervient et la situation déraille…

Résultats :
Des voitures de police renversées, barricades montée et enflammées, lancement de pierres et de cocktails Molotovs, pillages, incendies volontaires et j’en passe.
Les événements ont tellement dégénérés que la police a du se retirer des zones d’émeutes.
C’est seulement à l’aube du 2 mai qu’elle a pu intervenir pour calmer la situation à l’aide de canons à eau et véhicules d’évacuation.

Depuis, le 1er mai se déroule dans une atmosphère de bagarres dans les grandes villes allemandes (surtout à Berlin et à Hambourg).
Le nombre de participants ainsi que la violence augmente annuellement.

En 2003, afin de combattre ces déraillements, le gouvernement allemand met en place une politique de « désescalade » avec l’organisation annuelle du « MyFest »* où des habitants et associations des quartiers programment des Fêtes de rue paisibles.

Avec l’organisation annuelle de contre-manifestations de l’extrême droite NPD (parti nationaliste allemand) depuis 1998, les objectifs de l’extrême gauche se déplacent graduellement :
Tandis que le but initial des manifestations du 1er mai était la défense des intérêts de la lutte ouvrière, il semble que le blocage des rassemblements de l’extrême droite joue aujourd’hui le rôle principal.

1er mai 2010

Cette année, la journée de la Fête du Travail a généré moins de dégâts que l’année dernière.
Dès le début, la police a bien contrôlé la situation, ce qui n’a néanmoins pas pu empêcher la casse de vitres, des voitures renversées et quelques pillages.
Il y avait entre 10.000 et 15.000 manifestants à Berlin, environ 484.000 participants repartis sur à peu près 440 réunions en toute l’Allemagne.


* prononcé comme « Maifest », la fête du mois de mai.


Sources en ligne allemandes :
- Polizei nimmt Hunderte Randalierer fest (Der Spiegel, 02 mai 2010)
- Krawalle in Berlin und Hamburg (Handelsblatt, 01 mai 2010)
- "Wir haben alles erreicht" (Süddeutsche Zeitung, 02 mai 2010)
- "Alter, ich hab Bock auf Randale" (Der Spiegel, 02 mai 2010)
- Deutschland im Mai (Der Spiegel, 26 avril 2010)
- Wikipedia : Erster Mai in Kreuzberg 
- Der 1. Mai als Tag ohne Arbeit (news.de, 01 mai 2010)
- Maikrawalle in Berlin (mdr, 17 septembre 2009)

Articles sur le sujet en langue française :
- Berlin/1er mai : la police sur les dents (Le Figaro, 30 avril 2010)
- Comme chaque 1er mai, Berlin craint l'embrasement (Le Monde, 01 mai 2010)
- Berlin craint un 1er mai très chaud (LeTemps, 01 mai 2010)
- 1er mai en Allemagne : 484.000 manifestants, 10.000 contre les néonazis à Berlin (AFP via Google, 02 mai 2010)
- Berlin : extrême droite versus extrême gauche (Euronews, 01 mai 2010)

mardi 9 février 2010

Le dilemme entre morale et justice

Sanctionner l’évasion fiscale en encourageant la vente de données bancaires volées

Il y a quelques décennies encore, certaines banques allemandes, dénommées « Beihilfebanken » (banques complices), prenaient l’initiative d’aider leur clientèle aisée à s’évader – fiscalement parlant…


La Landesbank Rheinland-Pfalz (institut bancaire au Land Rhénanie-Palatinat), par exemple, conseillait à ces clients d’ouvrir deux comptes séparés dans leurs banques partenaires au Luxembourg :
  • Le compte « public » faisait office de compte officiel avec intérêts imposables et déclarés.
  • Le compte « personnel » était invisible pour le fisc allemand et servait à cacher l’argent.
  • Le fonctionnement : Le compte « personnel » a été alimenté peu à peu – via des comptes intermédiaires – par le compte « public ».
Pour le cas où l’administration allemande posait des questions sur la disparition partielle des avoirs sur le compte officiel, on disait qu’on les dépensait tout simplement.

Mais arrivaient les enquêteurs fiscaux allemands…


Ces derniers ont découvert où l’argent des comptes « officiels » allait véritablement ; en partie, grâce à des employées de banque qui appréhendaient une peine pour dissimulation de faits délictueux.

Une sélection de suites juridiques :
  • Deutsche Bank : amende de 60 millions d‘Euro
  • Commerzbank : amende de 31,3 millions d‘Euro
  • Dresdner Bank : amende de 18,5 millions d‘Euro ; le Président du directoire de la banque est condamné à une peine de prison avec sursis
Le Luxembourg perdait ainsi en attractivité pour les fraudeurs fiscaux.
Depuis l’affaire des comptes de fondation en 2007 au Liechtenstein, ce paradis fiscal n’était plus intéressant non plus pour l’évasion fiscale allemande.

Et la Suisse alors ?

Véritable forteresse avec son secret bancaire courageusement défendu contre toute tentative de désamorçage, elle s’opposait toujours aux « acharnements » des enquêteurs fiscaux et était donc le « lieu sûre » pour les fraudeurs fiscaux allemands.

Ce dernier temps, plusieurs nouvelles affaires ont cependant fait effriter la façade infrangible du paradis fiscal helvétique.
  • Un informateur anonyme a proposé aux enquêteurs fiscaux de la Rhénanie-Du-Nord-Westphalie un CD avec des données bancaires volées contenant l’identité de fraudeurs fiscaux allemands – pour 2,5 millions d’Euro.
  • Le Bade-Wurtemberg s’est vu proposer un CD comparable pour une somme de 500 000 Euro.
  • La Bavière aussi a eu une offre « intéressante ».
2,5 millions d’Euro pour des données bancaires volées…

Les échantillons de données que les enquêteurs fiscaux de la Rhénanie-Du-Nord-Westphalie ont reçues pour tester leur fiabilité se sont révélés pertinents.

Tellement pertinent que l’administration du Land a décidé de transférer le dossier à Berlin.

Après validation juridique de l’achat, Angela Merkel et le ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, ont donc élaboré un plan de financement des 2,5 millions d’Euro pour le CD – 50% payé par le gouvernement fédéral, 50% payé par les Länder.

Vu que l’acquisition et l’exploitation des données concernant environ 1 500 contribuables allemands pourraient rapporter 400 million d’Euro à l’état allemand, cette décision était vite prise…

… mais aussi vite contestée.

Parce qu’elle a bien évidemment provoqué une discussion sur le dilemme entre morale et justice :
  • En payant la somme revendiquée, est-il, d’un point de vue légal, justifiable d’acheter des données volées, d’ainsi financer les affaires de malfaiteurs ? De provoquer une multiplication de tels délits par des criminels en quête d’argent relativement facile ?
  • En ne pas achetant le CD, est-il moralement justifiable de laisser échapper des fraudeurs fiscaux, en majeure partie des personnes aisées ? Tandis que des « petits gens » se voient par exemple confrontés à un durcissement des règles dans le cadre de Hartz IV ?
Le gouvernement allemand a déjà du se poser ces questions en 2007, lors de l’affaire du Liechtenstein (prix d’achat pour un CD : 5 millions d’Euro).
A l’époque, l’ancien patron de la Deutsche Post, Klaus Zumwinckel, a été confondu parmi d’autres contribuables allemands de l’évasion fiscale. Il devait payer 180 million d’Euro au fisc allemand.
 

Et le secret bancaire suisse ?

Déjà « restreint » par des conventions bilatérales (par exemple : France-Suisse, Allemagne-Suisse), le secret bancaire suisse – un véritable mythe national – se voit de nouveau mis sous rude épreuves.
Les gouvernements allemand et suisse, vont-ils enfin trouver une solution pour rendre plus transparents les agissements entre banques helvétiques et fraudeurs fiscaux allemands ?
 

La cerise sur le gâteau…

… se présente en jugement du tribunal de grande instance princier de Vaduz (Liechtenstein) qui a accordé des dommages-intérêts de 7,3 millions d’Euro (!!!) réclamés par un fraudeur fiscal allemand.
Le jugement n’est pour le moment pas encore définitif et l’accusé a contesté la décision du tribunal.
 

Quoi ?

Oui. Un fraudeur fiscal allemand a porté plainte contre l’institut bancaire qui a caché son argent en disant qu’il n’a pas été prévenu à temps du vol des données bancaires.

L’argumentation de l’accusateur :
S’il avait été alerté à temps, il aurait pu s’autodénoncer au fisc allemand ou profiter d’une amnistie temporaire ; il aurait donc payé une amende plus « raisonnable »…

Quoi dire…


Liens français :
Le Figaro : Berlin finalise son plan antifraudeurs fiscaux
Le Figaro : Berlin va acheter les secrets bancaires suisses
Le Monde : L'informateur du fisc allemand est le même que celui qui a renseigné Paris
Le Monde : Allemagne serait sous le coup d'une évasion fiscale plus importante que prévu
Le Monde : Angela Merkel justifie l'achat d'un listing volé de comptes bancaires en Suisse

lundi 1 février 2010

Hartz IV

Poule aux œufs d’or ou usine à gaz?

A l’origine, un scandale

En début de l’année 2002, on a découvert que les statistiques sur le marché du travail allemand, publiées par l’« Agence fédérale pour l’emploi » (« Bundesanstalt für Arbeit »), ne correspondaient pas tout à fait à la réalité…

Les chiffres montraient une image embellie des performances de l’agence sur le taux de placement de chômeurs.

En réalité, les conseillers emploi ainsi que les instruments mis en place par l’autorité étaient beaucoup moins efficace que les statistiques faussées indiquaient.

Les mesures n’étaient simplement plus adaptées à la structure du marché.

En conséquence, Gerhard Schröder, le chancelier allemand de l’époque, a mis sur pied le 22 février 2002, une commission pour la réforme de la politique du marché du travail en Allemagne.

Pourquoi ce nom… « Hartz » ?

Le groupe de travail s’est réuni sous la direction de Peter Hartz (membre du directoire de la Volkswagen AG).

Et puisque son titre de travail « Moderne Dienstleistungen am Arbeitsmarkt » (« Prestations modernes pour le marché du travail ») était plutôt longue, on l’a tout court nommé après son directeur.

Pourquoi cette réforme ?

L’objectif de cette commission était d’élaborer dans seulement 6 mois des propositions pour une organisation plus efficace de la politique du marché du travail.

Une réforme fondamentale de la pratique de placement devait également être réalisée afin de pouvoir atteindre le but maître : diviser par deux le nombre de chômeurs (2002 : 4 millions) dans un délai de 4 ans.

En août 2002, la commission a donc publié ses 13 propositions – «Innovationsmodule » (« modules d’innovation ») – qui ont ensuite été transformées en quatre lois « pour la réforme du marché du travail ».

Hartz I, Hartz II, Hartz III et Hartz IV

Hartz I et Hartz II sont entrées en vigueur au 1 janvier 2003.

Les principales propositions de la commission reprises dans ces lois :
  • Placement rapide des chômeurs
  • « Personal-Service-Agenturen » : des agences d’intérimaires agréées
  • Bons pour la formation professionnelle continue
  • Avantages pour l’emploi des 50 ans et plus
  • « Mini-Jobs » : augmentation du seuil de revenu exonéré de taxes à 400€
  • « Ich-AG » : subvention de la création d’entreprise
  • « Jobcenter » : fusion des bureaux d’aide sociale et des agences pour l’emploi
  • « Kapital für Arbeit » : crédits à intérêt réduit pour des PME/PMI qui emploient des chômeurs
Hartz III (entrée en vigueur le 1 janvier 2004) et Hartz IV (en 1 janvier 2005) ont reprises les propositions suivantes (sélection) :
  • « Arbeitslosengeld II » (allocation de solidarité)
  • Durcissement de l’« acceptabilité » d’un travail
  • Organisation régionale des responsabilités des agences
  • « Jobcentres » à niveau local afin d’encadrer l’ensemble des chômeurs
Ainsi la description de la théorie.

Maintenant la réalité…

Nombre de chômeurs en 2002 : 4 millions
Nombre de chômeurs en 2006 (2002 + 4 ans) : 4,5 millions
Nombre de chômeurs en 2009 : 3,4 millions

Il se trouve que c’était pendant la campagne électorale du Bundestag en 2002 que Gerhard Schröder a annoncé qu’il mettra en œuvre l’ensemble des propositions du concept Hartz – sans exception.

Depuis, on a réalisé que le coût de la réforme est beaucoup plus élevé qu’initialement estimé, qu’elle est plus vaste que prévu.

Il était notamment prévu de réduire les prestations sociales afin de baisser les coûts de l’état social.

Mais suite à la législation et réglementation vague de la réforme, les dépenses sociales ont presque doublée !

Quelques « conséquences »

La population allemande s’est radicalisée autour du sujet parce qu’elle ressent un handicap social ; elle est désorientée.

La Cour de Justice Européenne a annulé certaines parties de la loi pour discrimination – la loi avait permis d’employer des chômeurs de plus de 52 ans avec un nombre de CDD illimité.

Le tribunal fédéral des affaires sociales a conclut que les prestations accordées aux enfants enfreignent la loi sur le fondement de l’égalité.

En 2006, l’idée de l’« Ich-AG » a été abandonnée, le concept des « Personal-Service-Agenturen » modifié.

Et un dernier pour la route…

31 janvier 2010 : Ursula van Leyen, ministre du travail et des affaires sociales, veut changer le nom du concept Hartz IV ; selon elle, il faudrait un terme plus « positif », le titre actuel ayant plutôt mauvaise réputation…


Liens français:

lundi 18 janvier 2010

Schlecker drogué ?

Les dérives du leader sur le marché de la droguerie en Allemagne

Depuis un petit moment, Schlecker, la plus grande chaîne de drogueries en Allemagne, se voit confronté à une vague de critiques et accusations venant des représentants économiques, sociaux et politiques du pays.

Raison pour cette agitation est la politique salariale pratiquée par l'entreprise, touchant à des sujets sensibles comme les conditions de travail et les tarifs minimums, contestée depuis plusieurs années par le syndicat allemand ver.di :

  • La direction était contre la création d’un comité d’entreprise. Il a néanmoins pu être constitué.
  • En 1998, le couple fondateur, Anton et Christa Schlecker, s’est vu accusé devant le tribunal d’instance pour le versement de salaires inférieurs à la convention collective.
  • La pression sur les employés est énorme, souvent, il n’y a qu’un seul employé par magasin.
  • Les mesures de sécurité dans les magasins sont quasi inexistantes, le nombre d’attaques dans les magasins augmente continuellement.

Aujourd’hui, la polémique concerne la pratique salariale de l’entreprise, plus précisément, le remplacement de ces propres salariés par des travailleurs intérimaires.

En 2009, dans le cadre de sa stratégie d’expansion et pour contrer la perte de parts de marchés que la société a du subir depuis plusieurs années, Schlecker a fermé environ 1.000 magasins « AS » (de petite taille) et les a remplacé par environ 300 magasins « XL » (plus grands en surface) ; 700 « XL » de plus sont prévus.

Pour garder un emploi, les employés « AS » licenciés se sont vus proposé des contrats de travailleurs intérimaires avec la société d’intérim MENIAR pour travailler dans les magasins « XL ».

Par manque d’alternatives sur un marché d’emploi tendu, ces ex-employés de Schlecker se sont retrouvés avec un salaire diminué de presque 50% (entre 6,50 et 7€/heure en tant qu’intérim au lieu de 12,70€ en tant que vendeur salarié de Schlecker).
En plus, ils ont perdu au niveau du nombre de jours de congé et primes salariales.

La petite cerise sur le gâteau des injustices :
La société MENIAR est dirigée par un ancien directeur des ressources humaines de Schlecker…
Selon ver.di, elle a pu placer 43.000 intérimaires dans les magasins de la chaîne.

Sans montrer même le plus faible signe de remords, Schlecker a annoncé lundi 11 janvier de rompre ses relations avec son prestataire MENIAR.
Il semble que cette conséquence a été tirée simplement pour calmer le jeu car la direction « n’arrive toujours pas à suivre le raisonnement du débat ».


Contexte marché « Droguerie » :

Concept très courant en Allemagne et dans les pays anglo-saxons, "une droguerie est un commerce de proximité vendant des produits liés aux soins corporels (hygiène, soin du corps, cosmétique) et à l'entretien domestique." (Définition Wikipédia).

La droguerie en tant que telle n’existe pas en France. Seule la gamme des produits d’entretien est vendue dans des quincailleries ou « bazars », élargie par des produits de bricolage (peinture, outils, etc.).

En France, pour trouver l’ensemble de la gamme de produits en vente dans une « Drogerie » allemande, il faudrait faire le tour de plusieurs magasins spécialisés ou supermarchés.

On peut compter 4 acteurs principaux sur le marché de la droguerie en Allemagne (les chiffres sont arrondis et à titre indicatif) :
  • Schlecker : 7,2 Mrd€ (2009), 15.000 filiales (dont 1/3 à l’étranger), 52.000 employés
  • DM Drogeriemarkt : 5,2 Mrd€ (2008/20009), 2.200 filiales (dont 50% à l’étranger), 33.500 employés
  • Rossmann : 4 Mrd€ (2009), 2.200 filiales (dont 1/3 à l’étranger), 20.000 employés
  • Müller : 2,3 Mrd€ (2009), 600 filiales (dont 18% à l’étranger), 23.000 employés

Lien vers l'actualité française sur le sujet :
- L'OCDE critique le marché du travail allemand, Le Figaro, 14 janvier 2010


mercredi 13 janvier 2010

Aider Haiti

Pour ceux parmi vous qui veulent aider :

Selon une amie qui a travaillé dans l'humanitaire à Haiti pendant plusieurs mois, les ONG les plus réactives en situation d'urgences sont les suivantes :

- La Croix Rouge
- Unicef
- IOM

lundi 11 janvier 2010

Le bug 2010 des « ec-Karten »

De retour en France après quelques jours paisibles passés en famille (en Allemagne), je reprends mon activité de veilleuse sur l’Allemagne et m’aperçois qu’un bon nombre de tweets et flux RSS auxquels je suis abonnée parlent du « Bug 2010 » en liaison avec la bonne vieille « ec-Karte », le pendant à la carte bancaire ou carte bleue française.

Après une lecture un peu plus poussée sur le sujet, je réalise que cet incident représente une merveilleuse opportunité pour démarrer mon blog (voir Le POURQUOI de ce blog...).
Car, l’« ec-Karte » (« carte eurocheque ») :
- est un moyen de paiement courant en Allemagne (=spécificité allemande)
- dont la plupart des Français ignorent l’existence (=connaissance sur l’Allemagne) et
- dont une explication pourrait contribuer à une meilleure compréhension interculturelle (le Français ayant lu ce post comprendra mieux pourquoi nous, les Allemands, font cette fixation sur le mot « ec-Karte »).

Revenons donc au bug 2010.

Il s’avère que bon nombre d'Allemands ont eu des problèmes considérables pour retirer de l’argent ou pour payer avec leur « ec-Karte » à partir du moment que leur calendrier affichait l'année 2010.

En effet, un quart des 120 millions « ec-Karten » circulant en Allemagne était concerné de ce bug qui rendait impossible toute opération de retrait ou paiement à cause d’un bug informatique sur le microchip des cartes.

Et pour quelle raison alors ?

Parce que les microchips sur les cartes concernées n’ont pas pu reconnaître le chiffre 2010 !

Qui aurait cru que cela pourrait arriver après toutes les précautions prises lors du changement de millénaire il y a dix ans ?

Un bug dans le logiciel utilisé pour la programmation de ces chips était donc à l’origine de ce début d’année plutôt éprouvant – monétairement parlant…

Entretemps, le logiciel utilisé pour la lecture des cartes dans les distributeurs et lecteurs chez les commerçants a pu être modifié pour que les cartes buggées puissent de nouveau être lues et l’Allemand puisse retourner acheter ces caissons de bière (peut-être le sujet d'un autre post ?) avec sa « ec-Karte ».

(Petite parenthèse : le constructeur des microchips défectueux est une entreprise française.)

Tout cela nous emmène à l’historique de la « ec-Karte » qui en fait était au départ la jumelle inséparable de l’« eurocheque », un chèque simple en papier.

Ce couple monétaire a été créé en 1968 dans le cadre de l’établissement du premier service de paiement transfrontalier européen.

Désormais, l’« eurocheque » a été accepté comme moyen de paiement dans et entre les pays participants (d’abord 18, puis plus que 40 en nombre) avec la « ec-Karte » comme carte de garantie.
En Allemagne, ce duo était pendant des années un moyen de paiement courant, tout comme le virement bancaire ou la note de débit.

En ajoutant en 1984 à la « ec-Karte » à caractère purement « garantie » la fonctionnalité « débit », il était ensuite possible de retirer de l’argent dans les distributeurs des banques européennes participantes.

Ensuite, au début des années 90, la fonctionnalité de paiement aux « points de vente » a été ajoutée à la « ec-Karte ».

Avec cette évolution des fonctionnalités, mais aussi pour des raisons purement financières et pratiques, son petit frère, l’« eurocheque » s’est vu poussé du marché. C’est ainsi que les pays participants de cette belle initiative de paiement transfrontalière l’ont enterré à la fin de l’année 2001. R.I.P.

Reste la « ec-Karte », à l'origine l'abréviation pour « eurocheque-Karte », puis, après l'abandon de l'« eurocheque », pour « electronic cash-Karte ».

Le POURQUOI de ce blog...

L’intérêt de ce blog :
Expliquer des éléments de la société allemande qui peuvent sembler « étranges » ou qui sont inconnus en France.

Les objectifs de ce blog :
- Faire connaître et expliquer les spécificités allemandes au niveau culturel, social, économique etc.
- Élargir la connaissance sur l’Allemagne.
- Faciliter les échanges professionnels ou personnels franco-allemands au travers d’une meilleure compréhension de l’autre (compréhension interculturelle).

N’hésitez pas à poster vos idées reçues sur l’Allemagne.