lundi 18 janvier 2010

Schlecker drogué ?

Les dérives du leader sur le marché de la droguerie en Allemagne

Depuis un petit moment, Schlecker, la plus grande chaîne de drogueries en Allemagne, se voit confronté à une vague de critiques et accusations venant des représentants économiques, sociaux et politiques du pays.

Raison pour cette agitation est la politique salariale pratiquée par l'entreprise, touchant à des sujets sensibles comme les conditions de travail et les tarifs minimums, contestée depuis plusieurs années par le syndicat allemand ver.di :

  • La direction était contre la création d’un comité d’entreprise. Il a néanmoins pu être constitué.
  • En 1998, le couple fondateur, Anton et Christa Schlecker, s’est vu accusé devant le tribunal d’instance pour le versement de salaires inférieurs à la convention collective.
  • La pression sur les employés est énorme, souvent, il n’y a qu’un seul employé par magasin.
  • Les mesures de sécurité dans les magasins sont quasi inexistantes, le nombre d’attaques dans les magasins augmente continuellement.

Aujourd’hui, la polémique concerne la pratique salariale de l’entreprise, plus précisément, le remplacement de ces propres salariés par des travailleurs intérimaires.

En 2009, dans le cadre de sa stratégie d’expansion et pour contrer la perte de parts de marchés que la société a du subir depuis plusieurs années, Schlecker a fermé environ 1.000 magasins « AS » (de petite taille) et les a remplacé par environ 300 magasins « XL » (plus grands en surface) ; 700 « XL » de plus sont prévus.

Pour garder un emploi, les employés « AS » licenciés se sont vus proposé des contrats de travailleurs intérimaires avec la société d’intérim MENIAR pour travailler dans les magasins « XL ».

Par manque d’alternatives sur un marché d’emploi tendu, ces ex-employés de Schlecker se sont retrouvés avec un salaire diminué de presque 50% (entre 6,50 et 7€/heure en tant qu’intérim au lieu de 12,70€ en tant que vendeur salarié de Schlecker).
En plus, ils ont perdu au niveau du nombre de jours de congé et primes salariales.

La petite cerise sur le gâteau des injustices :
La société MENIAR est dirigée par un ancien directeur des ressources humaines de Schlecker…
Selon ver.di, elle a pu placer 43.000 intérimaires dans les magasins de la chaîne.

Sans montrer même le plus faible signe de remords, Schlecker a annoncé lundi 11 janvier de rompre ses relations avec son prestataire MENIAR.
Il semble que cette conséquence a été tirée simplement pour calmer le jeu car la direction « n’arrive toujours pas à suivre le raisonnement du débat ».


Contexte marché « Droguerie » :

Concept très courant en Allemagne et dans les pays anglo-saxons, "une droguerie est un commerce de proximité vendant des produits liés aux soins corporels (hygiène, soin du corps, cosmétique) et à l'entretien domestique." (Définition Wikipédia).

La droguerie en tant que telle n’existe pas en France. Seule la gamme des produits d’entretien est vendue dans des quincailleries ou « bazars », élargie par des produits de bricolage (peinture, outils, etc.).

En France, pour trouver l’ensemble de la gamme de produits en vente dans une « Drogerie » allemande, il faudrait faire le tour de plusieurs magasins spécialisés ou supermarchés.

On peut compter 4 acteurs principaux sur le marché de la droguerie en Allemagne (les chiffres sont arrondis et à titre indicatif) :
  • Schlecker : 7,2 Mrd€ (2009), 15.000 filiales (dont 1/3 à l’étranger), 52.000 employés
  • DM Drogeriemarkt : 5,2 Mrd€ (2008/20009), 2.200 filiales (dont 50% à l’étranger), 33.500 employés
  • Rossmann : 4 Mrd€ (2009), 2.200 filiales (dont 1/3 à l’étranger), 20.000 employés
  • Müller : 2,3 Mrd€ (2009), 600 filiales (dont 18% à l’étranger), 23.000 employés

Lien vers l'actualité française sur le sujet :
- L'OCDE critique le marché du travail allemand, Le Figaro, 14 janvier 2010


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